lundi 25 octobre 2010

T'as voulu voir Bali

  Les voyages forment la jeunesse et déforment le reste, la preuve !!
 


 
T'as voulu voir Bali et on a vu Bali
enfin toi tu l'as vu, moi j'étais dans un lit!
A vouloir emporter trois tonnes de bagages
j'ai dû pousser l'avion avant le décollage.

Aux gongs et bambous tu préférais les cloches
c'était toi la plus belle et aussi la plus moche,
toi qui as toujours cru que Rome est aux Antilles,
que la coke espagnole est blanche de Castille.

Si tu avais fermé ta bouche de chacal
au lieu de claironner à cette javanaise
"j'en ai bavé pas vous" et toutes tes fadaises
on n'aurait pas eu droit à un toucher rectal...

Les douaniers balinais n'étaient pas délicats
j'en garde pour longtemps un souvenir cuisant
doublé d'un lumbago au parfum d'arnica,
mêlé de vin de riz et de tranquillisants.

Alors je te préviens l'an prochain c'est sans moi
Tataouine ou Cuba, à Lille chez Maurice
tu iras où tu veux au gré de ton caprice
te faire palper le dos et ce que tu voudras! 

 
Publié aux Impromptus Littéraires avec l'aimable autorisation de mon proctologue
(Non! je déconne)

mercredi 20 octobre 2010

Langue de vipère


Faire le portrait, réel ou imaginaire d'une langue de vipère, c'est facile par les temps qui courent.
Quand on voit c'qu'on voit, qu'on entend c'qu'on entend et qu'on sait c'qu'on sait, il suffit de délier sa langue, sa mémoire ou son imagination.
 
 


 
"Voyez vous, docteur, tout a commencé par un goût aSsside dans la bouche"
"Quel genre de goût acide?"
"Ssss...Et ben comme Sssselui des tartes aux pommes de ma gourdaSssse de cousine"
"C'est celà, oui"
"Ensuite j'ai eu l'impression que ma langue allait Sssse couper en deux"
"En deux dites vous?"
"Oui, Ssss... on aurait dit que j'étais deux à parler comme les vieilles commères du Ssssinquième!"
"C'est celà, oui"
"Et puis je m'suis mis à baver dès que j'ouvrais la bouche"
"Et vous bavez souvent?"
"Tout l'temps, comme la groSssse vache qui répond au téléphone quand j'appelle chez vous"
"C'est celà, oui"
"Alors quand j'ai commencé à Ssssiffler, je m'suis décidé à venir vous voir"
"Mais vous sifflez ou vous persifflez?"
"Ben vous entendez pas? Ssssa fait dix minutes que j'siffle"    
"Humm... je vois. Seulement ici vous êtes chez le docteur Lang-Devy fils... pour le vétérinaire Lang-Devy père, c'est la porte en face"
"MerSsssi docteur"
 
Publié Sssse jour Ssssur le Ssssite des Impromptus Littéraires... Ssss 

dimanche 10 octobre 2010

je te plumerai

   
D'après le thème du Défi Du Samedi: Le chant des oiseaux

Glissez dans votre texte ces quelques vers d'André Theuriet (1833-1907) tirés de son poème "Petite alouette"... sauf que tout un chacun dès le plus jeune âge a appris à la plumer de la tête jusqu'à la queue.
Qui a oublié cette comptine? Personne
 

André Theuriet a dit:
"Alouette, tu pars, le gosier tout gonflé
De jeunes mélodies,
Et tu vas saluer le jour renouvelé".

Mais c'était sans compter
sur tous nos chérubins inscrits à la comptine
qui rêvent de plumer
Et ta tête et ton bec, tes yeux de gélatine

Ton dos ré-mi-mi-ré
Ton cou de chocolat, tes ailes nougatine
Ta queue saint-honoré
jusqu'au couplet final beurré sur la tartine

Méfie toi des gourmets
Tu as beau turluter mieux que le rossignol
ton gosier tout gonflé
finira, refroidi, en pâté aux girolles. 
 


lundi 4 octobre 2010

Brocéliande

 Oui je sais, je me répète mais quand on me parle d'explorateur qui sommeille, de chasseur de paysages et de faire découvrir un lieu que j'aime particulièrement... je ne peux pas m'empêcher de parler de Brocéliande
 
Dans un grand splash la tartine amerrit dans mon bol de chocolat fumant. Ce matin encore le pic vert a frappé au carreau d'un grand coup de bec sonore qui m'a fait sursauter.
En six mois j'ai l'impression d'avoir apprivoisé tout l'environnement et ses bruits familiers, mais il en est certains qui me surprennent toujours comme pour dire "Tu n'es pas encore tout à fait prêt".
"Que veux tu, l'oiseau?" lui ai-je dit, à peine revenu de ma surprise. Il m'a regardé effrontément d'un air de dire :"Je ne veux rien, je suis ici chez moi, c'est tout".
C'est vrai, il était chez lui et dans un éclair vert mêlé de rouge il a quitté l'appui de fenêtre pour aller s'accrocher au poteau de clôture le plus proche, lui a donné deux coups de bec bien sentis avant de s'envoler vers le bois.
C'est là où je vis mais ce théâtre est à tout le monde, au randonneur chevronné comme au promeneur tranquille, au gourmand cueilleur de mûres et au goûteur de silence, au cycliste trop pressé et au cavalier solitaire.
Mon silence je le goûte au crépuscule comme on déguste un bon café après le repas, quand tous les oiseaux ou presque se sont tus, quand le chevreuil curieux franchissant je ne sais où la clôture de la prairie voisine vole aux percherons quelque maigre touffe d'herbe, quand les lapins font une dernière course en agitant leur fanal blanc, quand la colonie de lézards a regagné ses trous ou le couvert des tuiles du toit encore tièdes.
Alors j'entre sous la voute ténébreuse de chênes et de sapins comme dans une grotte végétale et l'écho discret de mes pas dans la sente me fait l'effet d'un martèlement terrible. C'est ce moment magique que je choisis pour m'arrêter et tenter d'écouter l'inaudible, l'imperceptible craquement d'un sapin, le bruissement des feuilles sous la brise comme un lointain ressac. La chouette mystérieuse vient de pousser son premier cri.
Bientôt la pénombre enveloppera tout et c'est alors le signe du retour dans les senteurs des buis odorants et des prairies surchauffées. Je pousse à regret le petit portillon ouvrant sur mon domaine, abandonnant le sentier à tous ceux qui cherchent un peu de sérénité... et à tous les autres aussi.
 
publié aux Impromptus Littéraires