mercredi 27 juillet 2011

A Sarah

 

 
 
Les yeux rivés sur la vitrine
on regardait pousser le temps
suivant la course des cadrans...
or et platine

la joue collée à la vitrine
on écoutait pousser le temps
comptant les coups du palpitant...
dans nos poitrines

je n'avais d'yeux que pour Sarah
je l'aurais volontiers mariée
et quand mon bras serrait son bras...
Bonté divine

mais on est venu la chercher
pour l'emmener au Vélodrome
avant le terrible bûcher...
sacrée vermine

le coeur rivé sur la vitrine
j'ai regardé saigner le temps
demain je serais résistant...
poseur de mines

maman m'a dit en souriant
qu'après la pluie vient le beau temps
et que les fleurs poussent aussi...
parmi les ruines

 
Inspiré par cette image et une citation de Marilyn French

mercredi 20 juillet 2011

Sport d'été

 

 

Au championnat des branquignols
de Ouistreham jusqu'à Trouville
il est une épreuve débile
c'est le planté de parasol

A l'épreuve de tartinage
pas un centimètre carré
où la main ne va s'égarer
c'est patinage et goudronnage

Au concours du plus beau maillot
du paréo au string panthère
on frôle parfois l'adultère
quand c'est trop peu c'est encore trop

Au défilé des épidermes
on traque le violet-ultra
du maigrelet au pachyderme
c'est à celui qui rôtira

La plage en été c'est du sport
on y amène son folklore
c'est à qui battra le record
quand y'en a plus y'en a encore

mardi 5 juillet 2011

Monomanie

saute-mouton.gif

Quand de l'autre côté de longues insomnies
je cherche l'harmonie de belles rimes en ''ni''
des agnelles en chaleur sèment la zizanie
en sautant au plafond en nombre indéfini.

Je me voudrais bélier, agresseur impuni,
les faire chevroter en stéréophonie
pour finir en méchoui d'un râle d'agonie
mais je suis un scorpion, comble de l'ironie.

De cornes je n'ai point, juste un dard racorni,
pas de quoi satisfaire cette nymphomanie
cette nuée d'ovins devenus des ovnis.

Tapissant le plafond en décalcomanies,
elles brûlent enfin, tel papier d'Arménie
ou bien ce sont mes yeux lourds de monotonie...





samedi 2 juillet 2011

Hommages à tartiner

 Si vous n'êtes pas passé devant eux sans les voir, avez-vous remarqué combien les objets du quotidien sont beaux?
Par exemple la gomme à laquelle un certain poète français Francis Ponge rendit hommage en ces termes:
« Je ne connais pas d’objet plus charitable que cet ange gardien élastique : il s’efface en effaçant. Tout au long de son chemin de croix sur le papier quadrillé il se charge de tous les péchés de l’écolier. »
 
 

 
 
A mon tour et à ma manière je voudrais - comme le suggèrent les Défis Du Samedi - rendre hommage à certains objets qui m'entourent


Hommage à la table:

Quand on me crie A table!
je sors mon Opinel
pour un plaisir charnel
un plaisir very... table
pour les yeux, les papilles
jusqu'à la dégobille
d'ultimes mignardises
à ce que gourmands disent.




Hommage aux lunettes:

Cette étrange monture chevauchant nos orbites
raccourcit aussitôt les longs bras des presbytes
et peut tout aussi bien allonger ceux des myopes

(alors qu'un vieux dicton dont chacun se bat l'oeil)
fait des femmes à lunettes les reines des salopes.




Hommage au piano:

Qu'il porte des bretelles, expirant ses flonflons
ou une queue de pie qui meuble les salons
grâce à des doigts de fée nerveux ou aériens
il sait nous emporter ce clavier magicien.




Hommage au démonte-pneu:
A tous les vététistes et les rois de la pédale qui lèchent comme moi du bitume à longueur de temps, je dis: Elevons un autel à cet inestimable outil qui, entre jante et pneu nous sauve d'une crevante humiliation...
 

vendredi 1 juillet 2011

Darigade

 
 
Cette année là, j'avais poussé tel un bambou comme disait l'oncle André qui avait fait la guerre d'Indochine. Au moins disait il en riant "tu n'auras pas besoin de pinces à vélo si tu t'obstines à garder ces pantalons!".
Je n'arrivais certes pas encore à hauteur de selle mais jamais je ne me serais risqué à demander de l'abaisser, les seuls outils que pépé m'autorisait étaient ces petites clés carrées du Meccano que mon parrain m'avait légué.

Je promis d'être prudent, d'aller chercher les commissions chaque jour et plein d'autres corvées fastidieuses que j'étais certain de ne pas tenir.
Pépé gronda comme il le faisait toujours, prétextant que le seul véhicule de la famille n'était pas un jouet pour les gamins mais l'air attendri et protecteur que mémé affichait à chacune de mes demandes dissipa toute polémique.

Dès cet instant la rue Corneille qui menait en droite ligne au square Giraud fut rebaptisée Champs Elysées que je m'employais à parcourir de plus en plus vite, aux dires de mon petit frère qui ne possédait comme chronomètre officiel que la grande aiguille d'un réveil-matin fatigué...
A l'époque, la meute invisible qui me collait aux basques abritait des Rivière, Graczyk, Planckaert et autres Nencini mais fier de la casquette où j'avais écrit Darigade avec un seul 'r' faute de place, je ne craignais personne!
Quelques voitures suiveuses dont celle du laitier m'ayant précipité plusieurs fois contre le trottoir, je décidai après moultes séances de badigeon au mercurochrome d'abandonner ma brillante carrière cycliste, au risque de décevoir ces jeunes admiratrices qui semblaient sourire à mon passage.
Le roi de l'asphalte n'avait à ce jour que les genoux couronnés.


Mais j'avais mûri, pris des mollets et des envies de pétarades, d'odeur d'huile et de crissements de pneus montaient en moi à mesure qu'explosait la notoriété d'un certain Giacomo Agostini et sa merveilleuse machine.
Je délaissai Corneille pour Marivaux - auteur sans doute moins connu - dont la rue moins passagère me permettrait des pointes fulgurantes.

Deux pinces à linge et un bout de carton savamment ajusté entre les rayons eurent tôt fait de transformer le vélo de pépé en Agusta deux cent cinquante sous le regard admiratif de mon frère.
Le chronomètre réveil-matin était devenu superflu et sans les rugissements infernaux de ma machine et ce casque de chantier qui couvrait mes oreilles j'aurais pu entendre les applaudissements du voisinage, hormis ceux de pépé dont la surdité s'était heureusement aggravée.

Mais toutes les brillantes carrières ont une fin et, souvent dépassé et snobé par quelque mobylette pétaradante je pris un sérieux coup au moral au point de remiser définitivement ma monture.
Le vélo de pépé retourna dans le jardin et moi à mes cahiers de vacances... au grand dam de mes admiratrices.