lundi 10 septembre 2012

Hugh!

 
 
Les Défis Du Samedi sont aux portes de la troisième saison ... et aimeraient nous entendre conter un épisode particulier qui aura marqué notre été, alors voila

 
quelque part sur Pierce Ferry Road
 
Après avoir quitté Pierce Ferry Road et ses longueurs monotones, j'abordais Diamond Bar Road non sans appréhension tant je me souvenais des quinze derniers miles dans la chaleur, la poussière et les chaos de cette route sans nom où l'on croit perdre l'essieu arrière à chaque virage.
Si j'avais pu dire deux mots à celui qui décida un jour qu'un mile vaut un kilomètre six cent!!
Diamond Bar n'avait rien d'une rivière de diamant ni d'une rivière tout court avec son chemin pierreux, sinueux, parsemé de roches, bordé de cactus et d'arbres de Joshua aussi j'atteignis l'immense plateau avec soulagement sans avoir eu aucune envie de dépasser la limite des quinze miles à l'heure. J'allais enfin revoir ce cher...
L'effort de conduite avait dû troubler mon esprit car sur le plateau il n'y avait rien que le plateau, sans aucune faille.Il avait disparu!
Le Grand Canyon avait disparu!
Là où aurait dû se tenir l'immense tente du Visitors Center il n'y avait qu'un tipi avec un indien accroupi devant l'entrée.
Comment quatre cent kilomètres de failles avaient ils pu s'évanouir et où pouvait bien couler désormais le Colorado?

L'homme portait le costume typique des Hualapai et il saurait m'expliquer ce qui se passe ici.
Je m'accroupis à sa hauteur et le saluai: "Hugh!"
"Non pas Hugues, moi c'est Arnold"
"Euh... excuse me Arnold. Qu'est-il arrivé au Grand Canyon?"
"Sold... vendu"
"Hein? What?"
"On l'a vendu"
"Qui a bien pu acheter une merveille pareille et où l'a t on emmené?"
"Emmené? Personne ne l'a emmené. Il est encore là dessous"
"Dessous quoi?"

J'ai senti que je l'agaçais.

"Sous le plateau artificiel recouvert de terre... tout est là comme avant"
"Mais on ne voit plus rien! ça sert à quoi de venir ici si on ne voit pas le Canyon?"
"On n'a plus de raisons de le voir puisqu'il ne nous appartient plus"
"Pourquoi l'avoir vendu?"
"Tu poses beaucoup de questions, gringo"
"Pas Gringo, appelle-moi Marcel"
"Well, Marcel, si tu étais de ma tribu où la moitié crève la dalle et l'autre moitié picole du mauvais whisky toute la journée tu comprendrais qu'on ait vendu ce machin pour survivre..."

"Et je suppose que vous l'avez vendu aux chinois comme toujours!"
"Non, pas aux chinois cette fois mais à un homme d'affaire de Las Vegas"
"Et il en fait quoi cet homme d'affaires?"
"Il utilise le Colorado pour faire tourner les génératrices qui alimentent Casinoland"
"Casinoland?"
"La ville casino géante qui vit là dessous - la plus grande mégapole au monde - avec des dizaines de milliers de machines à sous qui rapportent dix pour cent à mes frères Hualapai"
"Vous avez une drôle de conception des merveilles de la nature!!"
"Chez nous on dit : Tu ne peux pas juger un homme sans avoir marché deux lunes d'affilée dans ses mocassins"
"Euh... non merci, je vais garder mes Nike... Arnold"
"Hugh!"
"Ah? C'est Hugues? J'y comprends rien. Alors Bye Hugues"





  




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