mardi 20 mars 2012

Rue Corneille


publié sur le site MotImageCitation
 


"Nous donnons aisément ce qui n'est plus à nous"... mais je partage aussi volontiers ces souvenirs bien à moi 

Dix ans c'est l'âge où en classe on n'a pas encore le citron farci de toutes ces choses ennuyeuses enfoncées à coups de règle sur les doigts et de colles du samedi.
En ce temps là Corneille n'est pour moi qu'une rue, un formidable terrain de jeu que je sillonne à vélo et jusqu'au soir tant que durent ces merveilleuses vacances passées chaque année chez pépémémé comme on dit.
Rue Corneille c'est à Dijon la ligne droite de départ de mes courses cyclistes où, poursuivi par un invisible peloton je suce la roue des Stablinsky, Anquetil, Janssens et Nencini.

Je ne suis pas ce potache studieux qui récite par coeur le cidre... "Horace Ô désespoir" ou qui déclame La mort de pompier Pompée, non moi c'est Bibi Fricotin, les Pieds Nickelés et mon vélo!

A ma manière j'enchaîne les classiques à grands coups de pédale, remontant le boulevard Pascal pour redescendre rue de Chateaubriand puis rue La Fontaine jusqu'au square Giraud où un grinçant changement de braquet me ramène tout droit chez pépémémé...

Pour le contre-la-montre j'ai un secret, attendre l'approche de midi pour profiter des rues plus calmes comme Racine et Marivaux qui communiquent par l'avenue Aristide Briand.
Toute la difficulté consiste à rentrer à la maison avant la sacro-sainte heure du déjeuner mais je n'y arrive jamais à la grande fureur du pépé.
J'évite la Grand-place Saint Exupéry que je réserve aux sorties du soir quand mémé nous mène après le dîner voir le triage des wagons depuis le haut du pont tout proche.

Dans la chaleur étouffante des cheminées de locomotives à vapeur qui nous suffoque, nous assourdit et nous laisse ce goût âcre de charbon dans la gorge - plus brûlante que la plus brûlante des soirées d'été - je songe que le plus bel endroit sur Terre est bien celui-ci où tant de grands écrivains sont venus croiser leurs artères... et je me dis: Plus tard j'écrirai, si le vélo m'en laisse le temps. 








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