samedi 10 décembre 2016

La soie pour les Nuls

Publié sur le site MilEtUne d'après l'illustration






La soie tout comme l'encre a été découverte à pied par la Chine, selon une contrepèterie coprophile.
On trouve les contrepèteries coprophiles là où il y a des vers mais si ça semble logique ça n'est pas le sujet.
On raconte que l'impératrice Leizu en personne qui buvait son thé sous un mûrier aurait vu tomber un cocon dans sa tasse d'impératrice et en aurait tiré un fil suivi d'une légende.
“What else ?” dira t-elle au bout du fil mais il ne faut pas croire tout ce qu'on raconte.
Cette légende est tirée par les cheveux d'autant qu'avant elle un autre chinois – l'empereur Shen Nong – aurait découvert le thé quand une feuille d'arbre est tombée dans sa jarre d'empereur en ébullition.
La Chine serait donc le pays où les choses tombent du ciel au pied des impératrices et des empereurs pour faire exprès de grandes découvertes.

Plus sérieusement le bombyx du mûrier (butterfly of the mûrier, en anglais) possède des ailes mais aussi des chenilles (c'est l'effet papillon) appelées vers à soie qui se développent dans le noir, comme l'encre de Chine.
A force de se développer pour voir la lumière le ver de quatre millimètres s'étire comme une chenille qui redémarre jusqu'à former un cocon qu'il faudra ensuite démêler (c'est con, c'est coton et c'est cocon à la fois).
Il faut donc faire appel à un inspecteur (trice au féminin) qui tire ce grand filet de bave qui peut faire un kilomètre de long pour défaire les noeuds ou énigmes: on appelle ça la filature.
La filature qui peut être longue emprunte la route de la soie.
L'inspecteur enroule la bave sur des vidoirs (on dit aussi dévidoir même s'il n'y a qu'un vidoir) ou aspe qu'on trouve alors dans les mots de quatre lettres à la fin des livres de mots croisés.
L'enroulage se fait selon le principe de la révolution chinoise, toujours dans le même sens pour éviter de refaire des noeuds.
Quand le dévidoir est plein on le vide, quand il est vide on le plaint; on déplace tout ce “merdier” (shit en anglais) ou “soie grège” sur des écheveaux (on dit écheveaux quand il y a plusieurs écheval)
Il faut dix kilos de cocon pour faire un kilo de soie grège: on appelle ça une chinoiserie car personne ne sait à qui profitent les neuf kilos manquants.

Un proverbe chinois dit qu'on ne peut se couvrir d'un fil. On doit donc procéder au tissage du fil.
Le tissage – même artisanal – est un vrai métier sur lequel on dispose le fil qui est monté sur une canette placée dans une navette de manière à ce qu'en tirant sur la chevillette, la bobinette choie... (Voir Saozouguduo'r: version chinoise du petit chaperon rouge)
Une tisseuse jeune mariée fête ses noces de soie après 12 ans de métier ou de galère.
Une vieille tisseuse ne fête plus rien.

En 1801 un dénommé Jacquard mécanise le métier jusqu'alors à pédales – malgré la révolte des Canuts – pour le rendre rentable en licenciant les tisseuses jeune mariées et les vieilles aussi.
Contrevérité: Le métier Jacquard est souvent présenté comme l'ancêtre de l'ordinateur alors qu'il n'y a rien de plus con qu'on ordinateur...

Malgré l'apparition du nylon, la soie restera la fibre textile la plus recherchée pour son image, son charme, son luxe et son brillant... la chóu zi sera toujours la chóu zi comme dirait l'impératrice Leizu car elle le vaut bien.

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